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Extract from Une fleur sur un tas de fumier XXI

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12 Février 772 M. 13, IIIème fondation

Rentrer à la maison ce n'est pas la même chose qu'avoir un foyer. Être chez soi est encore différent. Sur la pointe des pieds, les muscles tendus dans l'effort, Morgan Killian Dilitzer s'assure un équilibre précaire. Elle s'étire vers la hauteur à atteindre. De sa main gauche qu'elle appuie fermement le long du mur elle se pousse sur un arc hasardeux. Les épaules de la femme se bandent sous la lumière alors qu'elle tire le câble au-dessus de sa tête. Sa main droite vise un croche un peu plus haut. Suspendue dans le vide sous l'arche grâce à la simple échelle, elle se mord la lèvre. Encore quelques centimètres. Ses orteils se contractent sur l'escabeau de métal pour une meilleure adhérence. Du bout des doigts elle parvient à passer le câble sur le crochet. Killian se détend enfin et repose ses mains sur les montants de l'échelle. Sobrement vêtue d'un débardeur gris auréolé de transpiration et d'un pantalon cargo kaki, la femme aux fortes épaules regagne la terre ferme. Killian englobe d'un regard l'espace autour d'elle. Dans un clignement de paupière elle chasse l'image du canapé solitaire et du mini-bar toujours ouvert comme une carcasse éventrée ! Il y a bien sûr le mur d'écran et de son et le projecteur holographique fixés sur la paroi mais cela n’habillait en rien la pièce. Elle fait un pas. La plante de ses pieds rencontre la sensation moelleuse et velue du contact avec le tout nouveau tapis. La matière synthétique sensée imiter le gazon est d'un vert presque citron. Il va s'en dire qu'il s'accorde bizarrement avec le fuchsia de certaines nouvelles tentures. Morgan Killian piétine, fière de sa nouvelle acquisition. La douceur de la texture la chatouille. En examinant la pièce elle jette un œil au mur d'étagères derrière elle, prêt à accueillir livres et bibelots. La vaste pièce qui ne contenait presque rien est désormais encombré de cartons, de meubles emballés de film plastique et jonché des mues protectrices abandonnées issues de ce qui a déjà été déballé. Fini le blanc mortuaire et le gris sinistre ! Désormais cette suite affichera les couleurs vives et chatoyantes de sa jeunesse à Noubangok ! En regardant les parois vierges, Kilian imagine tout ce qu'elle y accrochera quand les meubles seront à leur place définitive. Le bonzaï et son ruban la regardent d'un air moqueur. « Toi, tu as toujours quelque chose à ajouter pas vrai ? » lance t-elle à l'attention de l'arbre miniature. Celui-ci reste silencieux. C'est habile de la part de Joshua de lui avoir confié la responsabilité d'Emmanuelle. Killian Morgan Dilitzer est la personne de confiance de Joshua Starr. Personne n'osera le questionner sur ses raisons de placer cette jeune femme sous sa protection. De plus, Killian ne peut s'affranchir de ce rôle. La tradition de son monde natal veut qu'en tant que femme plus âgée et en l'absence de sa mère ou d'une sœur, l'intégration de cette jeune fille dans la communauté lui soit dévolue. D'une manière plus insidieuse, avec cette manœuvre, Josh s'assure qu'elle se souvienne bien de leurs traditions, de ce qui les a forgé et d'où ils viennent. Killian s'assombrit soudain. « Puis-je vraiment lui en vouloir ? Ce n'est pas comme s'il me prenait en traître. » formule t-elle avec un certain manque de certitude. Elle attend une réplique moqueuse et amicale de la part du bonzaï mais celle-ci ne vient pas. Killian souffle et hausse des épaules. Derrière elle, la silhouette gracile d'Emmanuelle De Saint-Lys apparaît du couloir qui mène aux chambres. « Tu me parlais ? » demande celle-ci. Killian secoue la tête par la négative et pivote. Elle croise le regard perplexe de l'adolescente virginale dans sa robe d'un rose pastel trop innocent à son goût. Emmy semble considérer un instant la pièce et ses couleurs puis lève la tête pour examiner la guirlande lumineuse qui serpente le long de l'arche. Les lampes sont décorées de fleurs multicolores. Killian, fière du travail accompli, écarte les bras en présentation.
«- Alors ? Fait-elle avec une emphase nouvelle. Tentant de retenir une grimace Emmy sourit gentiment.
- C'est original. Répond Emmanuelle en feignant la conviction. Toutes ces couleurs différentes ensemble c'est... » Face aux sourcils soudains froncés de Killian elle tait la fin de sa phrase.
Un silence mal à l'aise point. Emmanuelle entortille autour de son index embarrassé une longue mèche de cheveux clairs alors que la grande femme laisse tomber ses bras ballants en jetant un regard assassin à l'arbre sur son étagère. « Ouais... tous les goûts sont dans la nature hein ? Te fatigue pas petite sotte... » Sous le jour abrupte de ces paroles, la psionique devine une nostalgie certaine et une véritable douceur dissimulée. Elle saisit que par ces artifices, la femme qui l'accueille dans son domaine comme une sœur, rachète quelque chose de déjà passé il y a bien longtemps. Killian n'agit pas pour Emmanuelle mais pour elle-même. Étrange est l'égoïsme qui vous pousse à aimer les autres plus que vous-même, pense l'adolescente. Sous le bouillonnement de l'esprit de son hôte, la télépathe sent la mélancolie s'agiter dans le vide et un amour profond, absolu. Émue par la vague de sensations contradictoires émanant de la brune aux cheveux décolorés, Emmanuelle est touchée. Cet amour qu'elle a toujours cherché est enfin à portée de main par l'attention qu'on lui manifeste depuis son arrivée à bord. Tout à coup Emmy se jette sur Morgan et l’enlace de toutes ses forces ! Surprise, la femme a un réflexe de recul et elle lève les bras en l'air, désarmée. Prise au dépourvu par les bras de la fille enroulés autour de sa taille, elle ne sait comment se défendre. L'affection n'est plus un langage aussi naturel qu'il l'a été autrefois pour la guerrière... Cependant, elle se radoucit et serre à son tour dans ses bras la jeune fille qui fait bien moins que sa taille. « Ce qui est important, murmure alors Emmanuelle sur un ton de profond réconfort, c'est que cet endroit te ressemble ! Elle marque une pause à fleur de peau. Merci Killian de tout ce que vous faites pour moi ! » Un flot de pensées apaisante se déversent dans l'esprit de Morgan Killian Dilitzer alors que l'intention de la télépathe l’effleure. Il s'accompagne d'un léger vertige et d'une cotonneuse sensation de bien être. Confondue par la soudaine et invasive tendresse dans son âme, la femme de fer range un instant son masque de dureté. Malgré tout, Morgan ne peut retenir le goût amer au fond de sa gorge. Il vient avec l'impression de désespoir qui l'envahit alors qu'elle s'accroche à la jeunesse de sa protégée comme à ses propres souvenirs fantasmés d'un avenir qui n'existera jamais. « Ne me remercie pas, je t'en prie... » Répond Killian avec un tremolo presque imperceptible dans la voix. Elle ajoute dans le silence de son crâne pour elle-même : « Si tu savais, ce n'est pas à toi que je porte secours. » Puis elle sourit sous le baume de l'étreinte innocente. Depuis quelques jours Emmanuelle peut dire « je rentre à la maison » lorsqu'elle passe le sas d'entrée de la suite de l'officier Dilitzer. Killian n'a pas pu dire cela depuis bien longtemps. Rentrer à la maison signifie retrouver Noubangok et affronter le jugement de ses actions passées. Si aujourd'hui elle ne peut toujours pas rentrer à la maison elle a néanmoins réalisé une chose importante : elle sait qu'elle est enfin chez elle. Chez soi est une dimension du cœur que l'on emporte avec ou sans bagage et que l'on pose où le décide. S'il lui faut encore attendre pour connaître à nouveau la chaleur d'un véritable foyer, « chez elle », c'est là où se trouve Joshua. C'est là où elle se trouve qu'il se sent chez lui. Elle lève ses yeux bleus au-delà de la masse pailleuse de ses cheveux bicolores pour contempler le résultat de son si symbolique effort. La décoration lumineuse coure désormais au-dessus de l'arche qui délimite le salon où elle reçoit des parties privées de la suite. Le portique de moulures apparaît soudain moins austère avec les corolles multicolores et les lampes qui imitent un soleil lointain.

***

Ce soir là, le 5 décembre, c'était le bal annuel pour une des fêtes les plus appréciées de la station. Feux d'artifices, festival de musique et réjouissances variées se déroulaient partout pour fêter l’anniversaire du gouverneur de Noubangok. Sussumu II Ming-Mang avait conservé cette tradition hérité de son père bien qu'en réalité se fût la date de l'anniversaire de son ancêtre Summac Ier dont il s’agissait. De nombreuses décorations à l'effigie du grand homme assorties de divers symboles de virilités phalliques ornaient les arteriae. Partout des chants et des cris résonnaient et les habitants jeunes et âgés comme les bâtiments se paraient d'atours exceptionnels. C'était aussi l'occasion où l'on célébrait la fête des pères et on honorait l'image et l'autorité de l'homme en tant que patriarche et chef de famille. L’événement pouvait paraître désuet mais il marquait un nouveau cycle en rendant grâce par la tradition au maître incontesté de la station. Pour Morgan Killian et Joshua Alexander c'était aussi un jour exceptionnel. Elle, privée de père à fêter se sentait plus que jamais proche de son âme sœur « l'homme de la famille » comme disaient leurs mères. Lui de la même manière, se sentait ce jour là investi de plus de force et de responsabilités que n'importe quel autre jour de l'année. L'année précédente, le petit groupe de musiciens qu'ils avaient formé avait été invité à jouer pour le bal dansant de leur district. Désormais l'importance de Joshua au sein des Cards ne lui laissait que peu le loisir de se consacrer à son second amour : la musique. L'autorité d'homme, la violence et les affaires d'argent le pressaient d'abandonner de plus en plus les futilités. Allongé sur le dos, sur le lit de Killian dans sa chambre de jeune fille, il s'étirait, les bras derrière sa tête. La pièce était plutôt petite, mais chaleureuse et confortable. Les murs couverts d'un joli papier peint jaune lumineux s'accompagnaient de légers voilages, fin et bleus. Comme beaucoup de spatiens habitués aux habitats standardisés et aux blocs de béton et plastiques gris, ils aimaient les couleurs vives. Un tapis épais servait de descente de lit et habillaient un sol morne. Killian étaient désordonnée. Une petite guirlande lumineuse serpentait le long du mur où venait se coller le lit et offrait une lumière tamisée à la pièce. Cet endroit sentait bon, comme ses cheveux. Une armoire qui débordait de vêtements, un bureau ressemblant à un champ de bataille et une coiffeuse encombrée composaient le reste du mobilier de la pièce exiguë. Sur cette dernière, au milieu des produits de beauté bon-marché, des brosses à cheveux et de mille autres objets n'ayant rien à faire là, juste abandonnés : une boite à bijoux trônait, abondante et ouverte. Elle scintillait doucement à la lueur des loupiotes sur le mur et les reflets coulaient hors de leur rangement. Ce coffre aux trésors mystérieux était rempli d'étoiles dont elle parait son cou et ses doigts magiques. Quelques vêtements avaient été jetés ça et là, témoins de la coquetterie occasionnelle de la jeune femme. Josh regardait à travers le paravent sa petite amie qui s'habillait. Il attendait, paisiblement allongé dans les coussins de mauvais goût aux couleurs excentriques qu’elle collectionnait pour une raison qui lui échappait. Il observa cette ombre légère aux formes élégantes et harmonieuses transparaître discrètement. L'adolescent était habité par la hâte de la découvrir dans sa robe. Il avait mit du temps à la choisir pour elle. Il jouait avec son anneau de fiançailles, le faisant tourner autour de son annulaire avec son pouce. En contemplant les armoires trop pleines et cette boite à bijoux qui débordait, il sourit. Il se dit qu'il la gâtait beaucoup trop. La choyer, il adorait pourtant ça. Il était heureux. Ils venaient d'avoir seize ans et dans à peine plus de six mois elle sera sa femme. Ils étaient destinés l'un à l'autre depuis toujours et pour l'éternité. Il ne pouvait en être autrement. Même si ça ne semblait être qu'une formalité, il espérait que la cérémonie serait belle. Il soupira en se disant que les risques de son quotidien grandissaient avec son influence. Il ne sortait désormais plus sans arme. Il serait bientôt quelqu'un de très important, alors rien ne pourrait plus les atteindre. Il ferait d'elle une véritable princesse. Il tourna la tête vers le paravent aux ombres chinoises. Il devina ses courbes travers le filtre coloré, fit courir ses yeux sur la taille fine, passa mentalement ses doigts dans ses cheveux longs. Ils passeraient leur vie ensemble. Il l’imagina dans cette robe légère avec gourmandise. Il la lui avait choisie avec goût, prenant soin de s'inquiéter de la forme, de la couleur et du tombé qui leur plairait à tous les deux. La voix de Killian était enjouée aujourd'hui. Joshua se dit qu'il avait visé juste, encore. Satisfait et fier, il fendit son visage d'un large sourire, profitant à la fois de sa réussite, de l'instant et de la vue du corps de la fille dont il était éperdument amoureux.
« - Si c’est une fille se sera Katrin. J'y tiens ! Fit elle en passant les bretelles. Il rit, il aurait mis sa main à couper qu'elle voudrait prendre le prénom de sa mère.
- Tout ce que tu veux Kill, toujours. Elle sortit la tête du paravent avec une moue plissée, ses cheveux libres brillaient comme une cascade d’onyx liquide.
- Moi ce que je veux c'est ton avis, espèce de chieur de première ! C'est trop facile de te dégager en me donnant toujours le dernier mot. Elle lui lança une chaussette roulée en boule qu'il rattrapa avec une habitude évidente. Il rit, il l'adorait. Elle replongea dans sa cachette. Adrianus si c’est un garçon !
- Ça me va. Il déroula la chaussette, la plia et la déposa soigneusement sur le coin de la table de nuit. Tu ne devrais pas les séparer, après tu les perds. Considéra t-il sur un ton pratique.
- Sinon Summac ou Kiet, c’est plus classique mais ça me plaît bien. Et si c'est une fille... Elle réfléchit encore, emballée. Malaï ! Non, Lila ! Un nom de fleur, ça c'est bien un nom de fleur, tu trouves pas ? Il éclata de rire face à son enthousiasme débordant.
- Tout ce que tu v... Ah, voilà la deuxième chaussette, directement en pleine poire. Elle visait bien ! Elle siffla d'une voix aiguë un peu forcée.
- Mais arrête avec ça ! Elle exagéra sa bouderie et minauda comme un chaton. Il lui sourit plus tendrement encore.
- Pourquoi tu veux toujours te battre avec moi ? Taquine t-il. Je me range à tes conditions, tu le sais et j'obtiens toujours mon traité de paix. Il lui donna un sourire ravageur en échange de sa bouille capricieuse. Elle pinça les lèvres faussement vexée mais surtout fière de sa victoire. Tu es prête ? »
Il s'assit sur le rebord du lit tandis que sa princesse faisait son apparition. Il ouvrit de grands yeux alors qu'elle se dévoilait depuis sa cachette. Un peu timide, un peu fière, un peu aguicheuse, elle avança à pas de loup, faisant onduler le tissu autour de ses hanches fluettes. Elle écarta d'un geste mutin la mèche de cheveux bruns en levant ses grands yeux clairs sur son jeune amant. Elle balança ses hanches puis approcha comme un chat funambule. « Alors ? » Elle tournoya une seconde sur elle-même faisant flotter l’étoffe tout le long de son corps. Le tissu était d'un joli vert d'eau, vif mais pas criard, qui descendait se dégrader doucement le long de ses jambes pour se changer en un bleu clair et affirmé. Au bas, des fleurs étaient brodées de doré et leurs tiges remontaient et couraient sur le vêtement en une treille élégante. La robe qui arrivait à mi hauteur des jambes de Killian s’élargissait légèrement depuis la taille cintrée en légers volants de mousseline. Le tissu de soie, les broderies faites mains et les diamants coûtait la fortune personnelle d'une année d'un travailleur libre. Elle ne demanderait pas d'où provenait autant d'argent. Elle le savait. La folie était  hors de prix. Elle minauda d'autant plus qu'il sembla absorbé dans sa contemplation et ne répondit pas immédiatement. Il s'aperçut soudain qu'il avait la bouche ouverte. Son visage portait l'expression d'un profond ravissement et d'une sérénité calme. « Tu es la plus jolie jeune femme de tout le secteur Barbarus Killian... » Il laissa sa phrase en suspend pour goutter encore la magie de l'instant. « Tu es bon menteur. » Dit-elle en secouant la tête pour se moquer alors qu'elle tentait de boucler le fermoir d'une fine chaîne d'or à son cou, face au miroir de sa commode. Il se leva et la rejoignit. Il saisit délicatement les deux parties du fermoir et le bloqua pour elle. Il l'embrassa dans la nuque, repoussant doucement ses cheveux. Joshua posa ses mains chaudes sur les épaules de sa compagne et leva les yeux vers leur reflet à tous les deux dans la glace. Il vit dans son regard à quel point elle était fière, à quel point elle se trouvait belle, à quel point elle savourait d'être à son bras. Il aimait ça par dessus tout ! Joshua se damnerait volontiers pour voir ce regard chaque jour de sa vie. Ses mains tremblaient rien qu'à la toucher malgré toutes les années passé ensemble depuis leur enfance comme si chaque instant était le premier. Le jeune homme fixa son reflet dans le miroir : « Tu sais bien que je ne peux pas te mentir à toi... Tu me connais par cœur » murmura t-il en soufflant sur la chair de poule de sa nuque.

***

Killian frémit en tenant Emmanuelle dans ses bras comme une mère. L'espace d'un instant la télépathe croit ressentir cet élan d'amour maternel emprunt d'une profond mélancolie. Emmanuelle redresse la tête et la gratifie d'un sourire radieux d'affection, d'admiration et de reconnaissance. Un peu coupable d'avoir lu dans ses souvenirs doucereux, la jeune fille rougit avant de se détacher doucement de sa protectrice. Elle se cache ingénue derrière sa longue et belle chevelure. Killian fixe les reflets dorés avec une pointe de jalousie alors qu'elle caresse les mèches blondes. Comme une grande sœur Morgan Kilian Dilitzer repousse l'écran blond des yeux d'Emmanuelle pour dégager son charmant visage. C'est elle-même qu'elle voit dans ses grand yeux clairs. La Dame de Cœur redresse les épaules et détaille la jeune fille avec attention. La fraîcheur des ses seize ans, loin de la contraindre à un air juvénile ou filiforme, lui donne la gourmandise et les rondeurs d'un corps de femme. Sa peau et douce, ses ongles sont soignés et elle sent bon. La mouche au coin de sa lèvre ajoute un détail suave et subtile au coin de sa bouche au sourire ingénu. Sa garde robe réduite gracieusement accordée par la magnanimité du désormais grand intendant Poliakov a été piochée dans la dotation du bâtiment. Emmanuelle aime porter des robes à volants aux couleurs douces. Les manches longues de celle-ci se termine par de fines dentelles qui couvre avec décence ses poignets.Le tissu est synthétique ; sa facture médiocre s'accorde pourtant bien à ses courbes et sa poitrine déjà généreuse qui ne gâche rien au décolté sage de la coupe. Avec une curieuse fierté Morgan toise Emmy de sa haute taille et pause ses mains fortes sur les frêles épaules. Killian murmure : « Oh ça oui tu es jolie... » avec un brin d'amertume dans la voix qu'Emmanuelle n'a pas la finesse de percevoir. Ce qu'elle prend pour un compliment spontané illumine pourtant le visage de la jeune fille révélant l'espace mutin entre ses incisives. Un son électronique signale tout à coup une présence à la porte d'entrée de la suite. La lampe sur le côté de l'accès au vestibule se met à clignoter. Le deux femmes interrompues par l'alerte se séparent. Dilitzer vérifie l'heure à la pendule nouvellement accrochée près du comptoir du percolateur. À cette heure, Joshua quitte tout juste son quart. Poussée par l'élan de ses souvenirs vivaces comme elle était à nouveau aussi jeune que sa protégée, elle sourit excitée. Emmanuelle regarde Killian trotter vers la porte dans un élan spontané avant qu'elle ne se retienne. La psionique enregistre avec attention chaque geste et mouvements de son aînée, cette femme mûre et admirable. L'asiatique s'arrête, redresse les épaules et termine le trajet à pas mesurés en rangeant des deux mains ses cheveux derrière ses oreilles. Comme à ses seize ans Kill inspire dans l'expectative puis elle presse le bouton d'ouverture avec une assurance excessive ! Quand le battant coulisse sur ses vérins l'expression de Killian se ferme.
The Hydra and the Dragon
Part III "Ego semper redeo as meam astrum "
Chapter XXI "A flower on a pile of muck"
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